Le mot d’EDEN à la Métropole sur la politique mobilités actives

Jeudi 12 avril dernier, la Métropole nous a invités à la 2ème réunion pour échanger sur la politique des mobilités actives. La réunion était animée par Laurence Wieser, conseillère métropolitaine déléguée aux mobilités actives. Le bureau d’étude Inddigo était invité à présenter les principes généraux d’un plan vélo structuré. Les associations locales présentes étaient : FLORE 54, Greenpeace, Le Bien Commun, AUT Lorraine, Dynamo, VMA Grand Est.

La réunion avait pour but de présenter la démarche d’élaboration du Plan Métropolitain des Mobilités (P2M), son articulation avec les Assises de la Mobilités, les 10 ateliers de travail préalables, faire un point d’avancement sur les rencontres avec les communes et présenter les programmes d’animation  “Mai à vélo” et le défi “J’y vais à vélo”.

Le mot que nous avions préparé

Merci pour votre invitation à cette deuxième réunion du comité associatif. Nous nous réjouissons de pouvoir participer aux temps de concertation durant les Assises de la Mobilité en Juin.

Notre association EDEN se porte relativement bien, même si le contexte des réunions toujours à distance depuis un an nous pèse. Nous prévoyons de “déconfiner” nos actions en mai et juin, afin d’apporter un peu de convivialité aux personnes qui nous suivent. En attendant, nous continuons à réfléchir et à faire des propositions pour améliorer nos conditions de vie dans le bassin de vie nancéien. Nous avons prévu notre assemblée générale le samedi 12 juin prochain dans la matinée à laquelle vous êtes toutes et tous invité⋅e⋅s, modalités à définir.

Concernant la politique des mobilités actives de la Métropole, nous sommes surpris car nous avons l’impression que le temps passe et se perd. Certes, des déclarations d’intention intéressantes ont été prises, notamment lors du conseil métropolitain du 11 février dernier qui annonce le nouveau Plan Métropolitain des Mobilités pour fin septembre, début octobre 2021. Le problème des mobilités est enfin pris dans son ensemble, tous modes confondus, en un tout que nous espérons cohérent répondant aux besoins des usagers… mais avec un temps de réflexion très court ! En effet, il semblerait que la fin de vie du TVR nous oblige à presser les débats et réflexions afin de mettre en œuvre un nouveau réseau de transports en commun opérationnel d’ici 2 ans.

Rappelons l’enjeu : il s’agit de rendre la pratique du vélo / EDPM en ville et en milieu péri-urbain courante et normale pour la majorité des usagers, à coupler avec l’usage déjà « démocratisé » des transports en commun et de la marche. Depuis quelques années déjà, la majorité des habitants pense que le vélo est un moyen de transport d’avenir (63 % des sondés de l’EDM de l’ADUAN en 2013), tout le monde ou presque sait faire du vélo (97,9 % des français dont 78,2 % qui le pratique très bien en 2012 selon le Club des villes et territoires cyclables) et la plupart possède un vélo (70 % selon la même étude). Le problème, c’est le sentiment d’insécurité et d’inconfort au sein et à proximité du trafic automobile. Il faut séparer les domaines de voirie, profondément incompatibles entre eux : piétons, cyclistes et motorisés. Nous ne sommes pas anti-voiture, nous en appelons simplement à un usage plus raisonnable et encadré. Elle occupe aujourd’hui une place trop importante au regard de son efficacité et de son impact sur l’environnement et la santé. Il faut donc s’atteler à créer ce nouvel urbanisme désirable à haut niveau de service. Les crises écologiques, sociales et sanitaires en cours nous l’imposent.

Depuis la rentrée de septembre 2020, la Métropole poursuit sur la lancée des projets et engagements de la précédente majorité et n’a pas saisi les opportunités pour proposer d’entrée de jeu une autre tendance à sa politique des mobilités. Rue Jeanne d’Arc, la piste provisoire pourtant très fréquentée a subi des déviations inconfortables lors des travaux sur les réseaux tandis que son rétablissement provisoire se fait à nouveau attendre La piste bidirectionnelle en dur va être réalisée alors que sa largeur est clairement en dessous des recommandations minimales du CEREMA : moins de 2,5 m de large au lieu de 3 m. L’emprise des trottoirs est réduite à son extrême minimum. La voie verte du Fonteno à Jarville a quant à elle pris un an de retard du fait de la COVID. La piste montante de l’avenue de la Libération n’a toujours pas été achevée.

Quelques points positifs toutefois :

    • la création d’une vraie bande cyclable sur le bas de la rue de Boudonville, une petite bande cyclable rue Blandan et une expérimentation en double bande cyclable intéressante sur une partie de la rue de la Commanderie
    • l’extension du réseau Vélostanlib en créant des stations à Malzéville et à Vandœuvre, pour un service qui prend enfin une ampleur métropolitaine.
    • le soutien financier à l’association Dynamo pour son essaimage d’atelier sur tout le territoire
    • l’installation de nouveaux arceaux de stationnement en ville
    • l’expérimentation d’une peinture phosphorescente le long du canal
    • l’annonce d’un plateau piéton étendu sur le cœur historique de Nancy dès cet été attire toutefois toute notre attention.

Au delà de ces aménagements emblématiques, il nous semble que de nombreuses décisions simples auraient pu être prises pour améliorer la situation des modes actifs en vue de préparer et d’annoncer un plan plus ambitieux. Ces actions n’auraient pas nécessité d’attendre les assises de la mobilité pour être engagées. Par exemple :

    • La loi impose aux collectivités de supprimer les places de stationnement automobile à moins de 5 m des passages piétons pour dégager de la visibilité pour tous les usagers. À la place peuvent être aménagés des places de stationnement vélo, de la végétalisation en bac, des composteurs, etc.
    • Toutes les lignes de désir sur le territoire (un sentier tracé graduellement par érosion à la suite du passage répété de piétons, cyclistes ou animaux) auraient pu être répertoriées et traitées par des enrobés. Ce sont des aménagements à faible coût qui apportent beaucoup de considération aux usagers actuels et envoient un signal fort à l’attention des autres usagers. Les barrières sur certaines « voies vertes » auraient pu quant à elles être réadaptées pour correspondre aux usages.
    • Les commerçants et les entreprises, notamment ceux des zones commerciales et industrielles, auraient pu être sollicités pour améliorer les conditions de stationnement vélo des clients en tronquant une infime partie de leurs immenses parkings automobile. La Métropole aurait pu proposer un grand plan d’investissement mutualisé afin de réduire les coûts d’installation et de mise en œuvre avec des économies d’échelle, en mobilisant les fonds du programme CEE “Alvéole”.
    • La rue de Metz aurait pu être rendue aux transports en commun et aux cyclistes, comme avant les travaux de réaménagement du faubourg des Trois Maisons.
    • Des bornes de comptage vélo/voiture auraient pu être déployées partout pour mesurer systématiquement les effets de la politique menée, en publiant les données (par exemple sur data.gouv.fr) ou en les laissant à la libre disposition des associations.
    • La mise à jour, la promotion ou le remplacement du système participatif citoyen de contribution cartographique “G-Ny”. D’autres applications ont fait leur preuve ailleurs en France comme “Vigilo”.
    • Le déploiement de l’urbanisme tactique aurait pu être poursuivi, afin d’apaiser les vitesses sur certains tronçons, de séparer des bandes cyclables, de supprimer des répétiteurs de feu pour éloigner la ligne d’arrêt des automobilistes, d’empêcher une partie des raccourcis dans les rues résidentielles (rat running) et de supprimer quelques voies de circulation automobile. Nous jalousons les premiers carrefours à la hollandaise de Rennes et de Pantin.
    • Enfin, les bandes cyclables ineptes qui longent les voies de stationnement automobile auraient pu être supprimées et d’autres double-sens cyclables auraient pu être ouverts.

Alors nous regrettons le temps perdu c’est vrai mais nous avons quelques bonnes raisons d’espérer une amélioration de la circulation et des conditions de vie pour les grand-nancéiens et les visiteurs, au regard des ambitions affichées. Vous pouvez compter sur notre soutien !

La Métropole n’a fait aucun commentaire sur nos propositions et notre analyse de la situation.

Finalement, la réunion a principalement servi à mieux nous connaître et à ce que la Métropole nous propose un planning à court terme articulé autour des Assises de la Mobilité et des animations  “Mai à vélo” et du défi “J’y vais à vélo”. Nos associations ont unanimement exprimé le souhait que la Métropole se fixe avec ses voisins un cap général pour les mobilités, de se fixer des objectifs clairs et précis, d’aborder la réflexion à l’échelle du bassin de vie, de prendre en compte tous les modes de transport et d’exiger une grande implication citoyenne et des usagers sur ces débats.

Programme des Assises de la Mobilité

La Métropole nous invite en tant “qu’acteurs de la mobilité” à participer aux 10 ateliers thématiques des Assises de la Mobilité qui vise à “co-construire” le P2M : Le Plan Métropolitain des Mobilités qui sera délibéré à l’automne 2021. Le programme est serré :

– mardi 27 avril = Que peut-on faire avec la géométrie du réseau des routes et des espaces publics grand nancéien ? (plénière avec 100 personnes et sous groupes)
– jeudi 29 avril = Une nouvelle vie pour les modes actifs à Nancy ? (plénière avec 100 personnes et sous groupes)

Ateliers thématiques :
– mardi 4 mai = conception de ville – ville de la rencontre
– jeudi 6 mai = ville du dehors
– mardi 11 mai = ville de toutes les générations
– mardi 18 mai = ville du faire et du tiers solidaire
– vendredi 21 mai = ville de la surprise
– mardi 25 mai = ville comestible et commensale
– jeudi 27 mai = ville de la nuit et du week-end
– mardi 1 juin, journée entière = plusieurs ateliers en présentiel sur le terrain
Sinon deux ateliers en demi-journée en distanciel et le 1 et 3 juin.

Notre association va tâcher de participer à l’ensemble de ces ateliers.

Des temps complémentaires de rencontre du grand publics se dérouleront en parallèle à partir de fin mai sur l’espace public.

La journée publique des Assises de la Mobilité se tiendra le samedi 3 juillet. “Ce temps fort nous permettra de restituer l’ensemble des travaux et d’asseoir collectivement les grandes orientations du P2M. Charge aux élus à la suite, de mettre en phase les faisabilités techniques et les capacités financières pour hiérarchiser nos choix collectifs et continuer à construire les déploiement opérationnels au long cours.”

Laurence Wieser nous a proposé de nous revoir avec les associations avant mi-juillet.

Notre association sera au rendez-vous pour porter haut les objectifs et les méthodes qui nous semblent les meilleures pour la défense de l’environnement et augmenter le bien-être de toutes et tous.