Piétonnisation du centre-ville de Nancy: un projet qui renforcera la qualité de vie en ville
Le dernier rapport du GIEC [1] vient nous rappeler que nous n’avons plus de marge de manœuvre pour préserver l’avenir de la planète. Le GIEC nous somme de nous mobiliser tout de suite et à tous les niveaux afin de limiter nos rejets de CO2. Nous devons changer nos modes de déplacement, en commençant là où les alternatives à la voiture personnelle sont nombreuses et faciles à mettre en œuvre : en ville. La piétonnisation de l’hypercentre nancéien y contribuera.
Ce projet est aussi une vraie chance pour améliorer la qualité de vie et donc l’attractivité de la ville pour les résidents, les familles, et les commerçants : on y trouvera un air plus pur, moins de risques d’accidents, une plus grande facilité à trouver un parking pour les résidents, les artisans, livreurs et autres ayants droit alors que ces emplacements ne seront plus colonisés par du public qui se serait garé un peu plus loin, ou qui aurait fait le choix de se déplacer autrement en ville. Une zone piétonne est aussi l’opportunité de laisser plus de liberté à nos enfants dans l’espace public.
Quant aux conséquences sur la vie économique, des études [2] d’évaluation menées sur de nombreuses villes allemandes et anglaises où des secteurs ont été piétonnisés ont montré un effet très positif pour la grande majorité des commerces, ainsi que des hausses associées de prix de l’immobilier dans les périmètres piétonnisés. Des mesures d’accompagnement (des aides à la relocalisation) pourraient être proposées aux rares commerçants du périmètre piétonnisé dont les clientèles se déplaceraient majoritairement en voiture.
Pour être efficace, EDEN souhaite que ce projet soit le plus ambitieux possible et soutient une piétonnisation complète de la Vieille Ville depuis la porte de la Craffe jusqu’à la rue Charles III, et du cours Léopold au bd du 26è R.I.
Cette piétonnisation doit être accompagnée d’une offre accrue de transports en commun et de parkings relais à l’entrée de l’agglomération afin de maintenir l’accessibilité de la ville à tous, ainsi que s’y est engagée la métropole dans le cadre du plan des mobilités.
La piétonnisation ne doit pas signifier une « mise au pas » de l’hypercentre, il faut qu’il reste possible d’y circuler à plus de 5km/h, que ce soit pour les transports en commun (la citadine), pour les véhicules des ayants droit ainsi que pour les vélos et les trottinettes (électriques ou non) dont l’usage doit être encouragé. Pour cela, il est nécessaire de faire une place dédiée à ces modes en matérialisant clairement et continûment à l’aide d’une couleur distinctive les espaces cyclables, en y utilisant un revêtement compatible avec l’usage de la trottinette et du vélo, ce qui exclut la plupart des pavés.
Pour finir, mentionnons que la piétonnisation n’a rien d’un projet politiquement clivant: M. Rossinot amorça ce mouvement avec la piétonnisation de la place Stanislas en 2005. Qui, aujourd’hui, oserait contester ce qui est une réussite autant architecturale qu’économique, et qui fait la fierté et l’identité de Nancy? Le développement de la piétonnisation s’inscrit dans la continuité d’un mouvement qui n’a rien de partisan, mais relève tout simplement du bon sens et de l’intérêt collectif.
Allons dans le sens de l’histoire et faisons de Nancy une ville apaisée, plus agréable à vivre avec la piétonnisation.
Le conseil d’administration d’EDEN, Avril 2022
[1] IPCC WGII Sixth Assessment Report, Climate Change 2022 Impacts, Adaptation and Vulnerability – Summary for Policymakers : https://report.ipcc.ch/ar6wg2/pdf/IPCC_AR6_WGII_SummaryForPolicymakers.pdf, consulté le 08/04/2022
[2] Voir en particulier Hass-Klau (1993) Impact of pedestrianization and traffic calming on retailing – A review of the evidence from Germany and the UK, Transport Policy, https://doi.org/10.1016/0967-070X(93)90004-7